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Toujours des zones d’ombre
mise en ligne le jeudi 6 février 2003


Au terme de dix-huit mois d’instruction, que reste-t-il comme éléments à charge pour le juge Raffray ? L’obstination de Stéphane Krauth d’abord, beaucoup de zones d’ombre ensuite. Depuis sa mise en examen au mois d’août 2001 pour "meurtre, suivi, précédé ou accompagné de viol", ce dernier n’a en effet jamais fléchi, campant sur sa version de l’accident. Selon ses dires, qui n’ont guère varié depuis sa garde à vue, Karine, ce dimanche 22 juillet 2001, aurait été percutée involontairement.

Stéphane Krauth roulait trop vite après une sale nuit entre alcool et cannabis. La collision lui a fait perdre la tête... Parti pour l’hôpital avec sa victime, il se serait ravisé et serait allé la déposer en forêt de Mouterhouse. Il est alors rentré chez lui à Mulhouse retrouver sa concubine, Péroline, et son enfant, avant de revenir à Bitche dans la nuit, et en leur compagnie, pour brûler le corps sans vie de l’adolescente. Voilà.

Quelle issue ?

Aujourd’hui, peu d’éléments connus contrediraient véritablement cette thèse. L’accident ? Bien que des expertises attestent que la vitesse était inférieure de 40 km/h environ à celle évoquée un temps, il demeure difficile d’affirmer que Karine a été fauchée délibérément sans aveux de Krauth lui-même. La mort ? La jeune fille est-elle morte sur le coup, en forêt, a-t-elle subi des sévices avant d’être assassinée ? Là encore, l’incertitude. La décomposition avancée du cadavre et sa crémation n’avaient pas permis au médecin légiste de conclure à un décès criminel malgré un traumatisme crânien, des côtes fêlées et une rupture du larynx.

Le viol ? Stéphane Krauth a toujours nié avoir violé Karine. Déclarations que ni l’autopsie ni les analyses de préservatifs découverts dans le bois de Mouterhouse ni la dépouille partiellement dénudée de Karine, n’ont permis de réfuter. Les témoins ? Dans les premières heures de l’enquête, il y eut les révélations d’un copain auprès duquel Krauth se serait épanché sur ses intentions de "carotter une fille".

Puis, il y eut l’épisode Péroline qui, de confidences en effusions, s’est perdue dans ses contradictions, accablant son compagnon en prétendant qu’il avait violé Karine avant de se rétracter par amour pour lui... Bref, reste l’impressionnante somme d’actes de procédure (expertises, reconstitutions, auditions...) au coeur de laquelle la clef de cette affaire est peut-être enfouie. Le procès permettra peut-être, lui, de l’exhumer.

C’est en tout cas l’attente d’Edith Schaaff. Déchirée par la douleur, la maman de Karine reste persuadée que sa fille a été la proie de Stéphane Krauth. Une conviction confortée par celles du juge. "Il est démontré qu’il y a eu préméditation sur l’acte, mais pas sur la personne, déclare Edith Schaaff. L’enlèvement est accrédité par la faible vitesse révélée par les experts. Et, concernant le viol, le fait qu’elle était déshabillée suffit à le prouver. Quant au deuxième homme, il y a tout lieu de croire qu’elle a été enlevée deux fois. Une fois ils étaient deux, la deuxième, il était seul..."

 

Thierry FEDRIGO
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