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Le ’déséquilibre mental’ de Stéphane Krauth
mise en ligne le vendredi 29 mars 2002

Précédant leurs collègues psychiatres, les psychologues appelés à scruter la personnalité de Stéphane Krauth et Péroline Garino ont remis leur copie au juge d’instruction.


image 205 x 205Mis en examen et écroué pour le "meurtre accompagné, suivi ou précédé de viol" de Karine, Stéphane Krauth a été examiné à plusieurs reprises par Malika Merzougui, docteur en psychologie agréé par la Cour de cassation, et Claude Thernier, psychologue-clinicien rattaché à la cour d’appel de Nancy. Ces deux experts dépeignent leur sujet comme un être doué d’une "intelligence normale" mais présentant une "pauvreté de la sphère affective" caractérisée par un "détachement affectif voisin de l’indifférence", une "personnalité à dimension marginale" et une "tendance à l’inadaptation sociale". Mettant au jour une "fracture psychologique précoce marquée par une généalogie troublée, fruit d’une liaison incestueuse", ce collège de psychologues stigmatise un "déséquilibre mental" marqué par une "inadaptation aux normes de la vie en société", la "recherche de conduites à risque", une "propension à la transgression des interdits sociaux" et une "appétence aux produits toxiques".

Sans préjuger des conclusions de leurs collègues psychiatres, seuls compétents pour se prononcer sur la responsabilité pénale du sujet, ils ajoutent que "la question se pose d’une possible dimension psychopathique de la personnalité". Évoquant une "personnalité borderline [limite]", les mêmes experts tempèrent un peu plus loin ce pronostic, indiquant que les tests proposés n’avaient pas permis de "mettre en évidence des traits de caractère particuliers évocateurs de pulsions criminelles ou sexuelles".

Plus sévères dans la seconde partie de leur rapport, ils indiquent que Krauth n’a manifesté "aucune empathie" à l’égard de la victime. Ils n’ont noté "aucune amorce de remise en cause, ni d’autocritique", "aucun sentiment de culpabilité", le sujet étant installé dans "des conduites défensives de déni" l’empêchant "d’assumer la conséquence de ses actes".

Relation "ambivalente" avec Péroline

Concernant Péroline, mise en examen pour "modification de l’état des lieux d’un crime en vue de faire obstacle à la manifestation de la vérité" - en l’espèce en ayant participé à l’incendie du corps et des affaires de la malheureuse lycéenne - les experts pointent plusieurs similitudes avec son fiancé d’alors. Vivant dans un sentiment "constant d’abandon", sujette à de graves "carences affectives", Péroline se trouverait dans "l’impossibilité de développer sa maturité". Ces difficultés ont pu "influencer son comportement", écrivent encore les experts. Sans se prononcer davantage sur son discernement au moment des faits, les psychologues évoquent néanmoins une "perception de la réalité puérile", un "jugement moral faible" et des "capacités de jugements affaiblies".

La liaison qu’entretenaient les deux concubins est également passée au crible. Leur "vécu commun" - l’abandon par la mère - aurait servi "d’élément fondateur" à cette relation, celle-ci fonctionnant selon un double "mouvement d’identification à l’autre". Une relation "en miroir", marquée par la "capacité de chacun à manipuler et influencer l’autre", l’un et l’autre pouvant être "tour à tour l’élément inducteur ou celui qui est induit", la victime ou le bourreau. Péroline "s’arrangeait pour faire réagir son compagnon en adoptant des attitudes tantôt passives, tantôt provocatrices, amenant son conjoint à réagir sur le mode de l’agression physique à son encontre", rapportent les auteurs. Lesquels décèlent encore chez Péroline une "passivité complaisante" vis-à-vis de son compagnon, un "manque d’ancrage dans la réalité", une "quête évidente de valorisation narcissique" et une "incapacité à différencier l’essentiel de l’accessoire". "L’attitude de travestissement de la réalité ainsi que la conduite ambivalente [de Péroline] à l’égard de son compagnon se traduisent par des déclarations différentes, voire contradictoires, et s’inscrivent dans le fonctionnement d’une personnalité globalement immature, irréfléchie et peu responsable".

Le mobile fourni par Péroline pour justifier de ses actes ("protéger les siens et elle-même") paraît "crédible" aux experts. Selon eux, la jeune femme éprouverait de la "culpabilité", se reprochant de ne pas avoir "suffisamment aimé Stéphane" et reconnaissant "mériter une sanction".

 

Nicolas BASTUCK et Thierry FEDRIGO
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