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Les militaires recherchés se présentent aux gendarmes
mise en ligne le samedi 28 juillet 2001

Les deux soldats déserteurs du 57e RA, absents des rangs depuis la disparition de Karine, dimanche à Bitche, se sont présentés spontanément hier matin à la brigade d’Épinal. Ainsi, cette piste est "a priori écartée", indiquait un peu plus tard dans la journée le procureur de Sarreguemines.


La piste des deux militaires absents depuis lundi des rangs du 57e RA est "a priori écartée". Le procureur de Sarreguemines l’a confirmé hier soir, révélant que les deux engagés volontaires, âgés de 25 et 26 ans et "sans antécédents judiciaires", s’étaient présentés spontanément hier à la brigade de gendarmerie d’Épinal. Craignant peut-être de finir par devenir les deux hommes les plus recherchés de France, les deux militaires se sont manifestés dans la matinée, expliquant aux enquêteurs qu’ils "n’aimaient plus l’armée". C’est pour cette raison, auraient-ils ajouté, qu’ils ne se sont pas présentés au rapport de lundi matin, au terme de leur permission qui devait prendre fin à ce moment-là.

Alertés par leurs collègues vosgiens, les enquêteurs de la section de recherches de Metz ont aussitôt sauté dans leur voiture pour aller interroger les deux déserteurs. À Bitche, où rien ne filtre ou si peu, aucune autre précision n’a été donnée. Même silence radio du côté des Vosges, où les deux engagés étaient toujours entendus, hier dans la journée, dans la discrétion la plus absolue. Un "black out" de l’information propice à toutes les rumeurs, y compris chez les journalistes, nombreux à trouver "bizarre" que des militaires encasernés depuis trois ans s’évanouissent soudainement dans la nature le jour de la disparition de Karine, ne donnant plus signe de vie pour ne réapparaître que cinq jours plus tard, expliquant alors qu’ils en avaient soupé de l’uniforme. "La piste est a priori abandonnée", a pourtant répété le procureur, ajoutant qu’il n’y avait "personnellement jamais cru".

Rumeurs persistantes

Un peu plus tôt dans la journée, le parquet avait déjà pris ses distances avec cette hypothèse de travail, après que l’état-major du 57e régiment d’artillerie eut confirmé qu’aucun des deux soldats n’était propriétaire d’une Mazda blanche. C’est par un véhicule de ce modèle que la jeune Karine aurait été renversée, puis vraisemblablement enlevée, dimanche après-midi sur la petite route reliant la zone artisanale au hameau de "Bitche camp".

La disparition de la jeune fille, mais aussi la possibilité un temps évoquée et donc "a priori" abandonnée que deux des leurs puissent y être impliqués, ont semé l’émoi dans la communauté militaire de la ville, réunie hier matin pour une passation de commandement au 57e RA. Son chef de corps, le lieutenant-colonel Dominique Lacroix, qui quitte la Lorraine pour l’état-major de l’armée de Terre, y a fait d’ailleurs allusion à plusieurs reprises, dans son discours d’adieu : "La communauté bitchoise dont nous faisons partie est actuellement partagée entre l’angoisse suscitée par la disparition de la jeune Karine et l’espoir de la retrouver", a déclaré l’officier à ses invités.

Sur le terrain, les recherches terrestres se poursuivaient avec, pour la dernière fois hier, l’engagement d’un escadron de gendarmerie mobile. Le dispositif sera maintenu ce week-end mais avec des gendarmes territoriaux du groupement de la Moselle, lesquels devraient recevoir le soutien de leurs collègues de l’armée de Terre et de réservistes. "Nous allons continuer à fouiller les abords de la Nationale 62, d’Eguelshardt à Philppsbourg jusqu’aux confins de l’Alsace", a précisé le lieutenant-colonel Rousseau, chargé de la communication dans cette affaire qui, depuis six jours, plonge toute une population dans l’angoisse et la consternation.

Fin des recherches imminente

La décision sera sans doute douloureusement ressentie par la famille mais sauf "événement grave ce week-end", les recherches devraient être vraisemblablement abandonnées dès le début de la semaine prochaine. "Nous mettrons alors le paquet sur l’enquête judiciaire", a indiqué le procureur de Sarreguemines. Dès lundi, les vingt gendarmes attachés à la cellule d’enquête accueilleront ainsi en renfort plusieurs officiers de police judiciaire. "La tâche est immense, nous n’avons pas avancé", reconnaissait hier François Jurdey.

Le procureur de Sarreguemines ouvrira lundi une information judiciaire pour "enlèvement et séquestration", la loi ne lui permettant plus, passé le délai légal de huit jours, de continuer à travailler dans le cadre juridique d’une enquête de flagrance. Dans 48 heures au plus tard, un juge d’instruction devra être saisi, qui dirigera alors les investigations.

En attendant, hier après-midi, un expert en automobile agréé auprès de la cour d’appel de Metz s’est transporté sur place aux côtés du procureur. Ce spécialiste devra s’attacher, dans son rapport attendu dans les prochains jours, à reconstituer le parcours de la mystérieuse Mazda 323 blanche à bord de laquelle Karine aurait été embarquée.

Une rumeur persistante laissait entendre hier matin que ledit véhicule aurait été retrouvé quelques heures plus tôt dans le Midi de la France. Information aussitôt démentie par le parquet. "Ça serait trop beau...", se désolait son représentant à Sarreguemines.

 

Nicolas BASTUCK, Stéphane MAZZUCOTELLI
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