Logo Association

Les étourdissantes confidences de Péroline
mise en ligne le mercredi 22 août 2001

Une nouvelle confrontation entre Stéphane Krauth et sa compagne semble désormais inscrite dans le cours de l’instruction. En dépit de ses multiples revirements, Péroline reste libre et conserve son statut de témoin assisté. Pendant combien de temps ?


"Sa dimension tragique n’y change rien. Cette affaire n’a d’un point de vue juridique rien d’exceptionnel. D’un côté, il y a les déclarations du principal suspect et de l’autre les investigations des enquêteurs qui reposent en partie sur l’analyse de données objectives. Comme par exemple le rapport d’autopsie, à venir. Le seul élément perturbateur dans ce dossier a un nom : Péroline. Là, où on a besoin d’une boussole, on tombe sur une girouette".

Cet observateur, proche de l’enquête, n’est pas le seul à s’interroger sur l’inconstance des allégations de la compagne de Stéphane Krauth. Comme en écho, celle-ci confiait hier, quelques heures seulement après avoir réaffirmé dans le bureau du juge Vincent Raffray que Stéphane avait bien violé puis brûlé Karine, après l’avoir intentionnellement percuté le dimanche 22 juillet à Bitche, "Je ne sais plus quoi penser. Oui, à son retour, il (Stéphane) était perdu, c’est clair. Il ne savait pas si ça s’est passé réellement ou si c’était dans sa tête... Je ne pense pas que ce soit possible qu’il l’ait fait (le viol de Karine)... Je ne sais plus où j’en suis".

Des propos contradictoires, délivrés par séquences. Aux enquêteurs de les décrypter, afin d’en extraire les parcelles de vérité susceptibles de faire progresser l’instruction. Distillés jour après jour, ils révèlent le grand désarroi de celle qui se retrouve bien seule, à 19 ans, à devoir affronter, en foyer avec son bébé de six mois, la réalité d’un drame dont elle se demanderait presque quel rôle il veut lui faire jouer.

Les dénégations de Péroline épuisent jusque dans le milieu de l’enquête : "Rien que cela pourrait constituer un délit d’outrage à magistrat" coupe sèchement Me Martial Gagneux, le conseil de Stéphane Krauth, en décelant dans ses atermoiements un motif concret de mise en examen.

Apaiser les passions

Pourtant au terme de la dernière audition effectuée lundi, par le juge Raffray, Péroline est ressortie libre du tribunal de Sarreguemines. Tout juste accompagnée par un gendarme, elle s’est évanouie un peu comme si elle venait de se libérer d’une dose supplémentaire de ce trop lourd fardeau. En dépit de son rôle si voyant, Péroline échappe donc à toute mise en examen.

"La seule mise en examen que l’on aurait pu retenir à son encontre (celle de non dénonciation de crime) est couverte par l’immunité" tranche, à Sarreguemines, le procureur adjoint Roger Marot. L’article 434-1 du Code pénal concernant les atteintes à l’action en justice prévoit bien une peine de trois ans d’emprisonnement et de 300 000 F d’amende à l’encontre de toute personne "ayant connaissance d’un crime dont il est encore possible de prévenir ou de limiter les effets, ou dont les auteurs sont susceptibles de commettre de nouveaux crimes qui pourraient être empêchés, de ne pas en informer les autorités judiciaires ou administratives". Mais la loi excepte de la règle "le conjoint de l’auteur ou du complice du crime, ou la personne qui vit notoirement en situation maritale avec lui".

Une mise en examen de Péroline n’est donc pas à l’ordre du jour. Me Frédérique Loescher-Lorioz, son avocate n’exclut tout de même pas une telle échéance, notamment "pour complicité de modification des lieux du crime". Seul un réquisitoire supplétif pour "dégradation de l’état des lieux d’un crime en participant à l’incendie du corps, faisant ainsi obstacle à la manifestation de la vérité" a été pris par le parquet, dès vendredi, à l’encontre de la compagne de Stéphane Krauth. Il a pour principal objet de permettre au magistrat instructeur de conduire toutes les investigations qu’il juge nécessaire dans le cadre de sa saisine.

Dans l’attente d’une nouvelle confrontation avec son compagnon, Péroline peut donc continuer à s’occuper de Léa, la petite fille qu’elle a eue avec Stéphane. Cette nouvelle épreuve de vérité ne pourrait intervenir qu’à la mi-septembre. Au terme des vacances que le juge Vincent Raffray doit prendre dès vendredi. Le temps nécessaire d’apaiser les passions.

 

Xavier BROUET
retour

 
Page d'AcceuilArchives de presseL'ActualitéChroniquesPoèmesNotre associationNous contacter