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Péroline retourne lundi chez le juge
mise en ligne le vendredi 7 septembre 2001

Péroline, la jeune compagne de Stéphane Krauth mis en examen et écroué pour "meurtre précédé, accompagné ou suivi de viol", dans l’affaire de la mort de la jeune Karine, est convoquée à nouveau chez le juge d’instruction, lundi. Krauth devrait être entendu trois jours plus tard.


L’annonce d’une énième audition a aussitôt fait courir la rumeur d’une possible mise en examen de Péroline, fort plausible, et de son placement en détention provisoire, pronostic plus hasardeux. Après avoir dit tout et son contraire, Péroline reconnaît aujourd’hui être revenue le soir des faits avec son fiancé, en forêt de Mouterhouse où le cadavre de la jeune lycéenne avait été découvert en partie calciné, le 2 août, au lendemain de l’arrestation de Krauth. Après avoir affirmé être restée avec son bébé "sur la banquette arrière" de la Mazda 323, elle a fini par reconnaître être descendue de la voiture au moment où son concubin était occupé à ses basses oeuvres, le soir des faits.

Cet aveu a été recueilli il y a deux semaines par le juge Benoît Giraud, qui assurait l’intérim pendant les congés de son collègue. À demi-mots, la mère de la petite Léa (4 mois) reconnaissait avoir eu l’idée de la crémation, après que son concubin eut évoqué un "accident", dans la soirée de ce funeste 22 juillet, sitôt rentré à Mulhouse où vivait le jeune couple.

Interrogée hier par Le Républicain Lorrain, Péroline a tempéré ce dernier point : "L’idée de brûler le corps n’était pas vraiment de moi. Enfin, on en a parlé tous les deux. Stéphane voulait y aller seul mais il était trop stressé et blindé [ivre, NDLR] pour que je le laisse repartir. J’ai habillé la petite et nous avons pris la route". Elle assure qu’à ce moment, Stéphane ne lui avait pas encore avoué avoir "étranglé" Karine. "Sinon, j’y serais jamais allée !". Le couple s’est d’abord arrêté à la station service de l’hypermarché Cora de Mulhouse.

"Stéph’ a rempli d’essence plusieurs bouteilles d’eau. Je lui ai proposé de l’aider, il m’a dit de rester dans la voiture". Vers 1h, ils étaient sur place. "Je suis sortie de la voiture pour fumer une cigarette. Je l’ai regardé faire pendant cinq minutes, par curiosité. Il m’a dit qu’il avait besoin d’aide, je lui ai répondu que j’étais venue et que c’était déjà bien assez. Il n’avait pas eu besoin de moi pour faire ce qu’il avait fait alors il pouvait bien se débrouiller sans moi, c’était son problème". A-t-elle tenté de le dissuader ? "Non, pas trop. J’étais clouée au sol. Et puis, je pouvais pas crier, j’avais pas envie qu’on se fasse repérer".

Baskets brûlées

Péroline confirme être revenue dans le Bitcherland avec son ami, le lendemain soir, "pour récupérer le sac [de Karine] et le faire disparaître". Elle dit : "Nous n’avons rien brûlé sur place pour ne pas attirer l’attention. J’avais le sac entre mes jambes, Stéph’ s’est arrêté quelques kilomètres plus loin, sur un parking, entre Baerenthal et Philippsbourg. Là non plus, j’ai rien fait, Stéphane ne voulait pas me mettre dans le coup". Péroline révèle que son ami en a profité pour se débarrasser d’une pelle. "Il m’a dit qu’il avait enterré des trucs avec. J’en sais pas plus...".

Elle avoue s’être défait par la même occasion de ses baskets. "Ils ont fait une expertise au sol, ils ont sans doute relevé les traces de mes pas. C’était pas la peine de mentir". La fiancée du principal suspect jure dire cette fois "toute la vérité". Elle ajoute, énigmatique : "Au début, j’ai essayé de le [Krauth] couvrir mais c’est plus la peine, il s’enfonce tout seul. Et puis, je vais quand même pas payer pour ses conneries et avouer des choses que j’ai pas faites !".

Les relevés de France Télécom confirment que Péroline se trouvait bien à Mulhouse, l’après-midi des faits, comme en atteste la trace d’un appel que Stéphane Krauth lui a passé sur son portable, vers 16h30, depuis Baerenthal. "Heureusement, sinon ils m’auraient encore accusée. Là-dessus, je suis tranquille". Les mêmes relevés attestent de l’expédition nocturne du couple, Péroline ayant consulté ce soir-là sa messagerie, sur le trajet Mulhouse-Bitche.

Trois options juridiques

Bénéficiant du statut de témoin assisté, Péroline sera entendue aux côtés son avocate, Me Frédérique Loescher. Trois solutions s’offrent au juge si celui-ci décidait de la mettre en examen - sans doute pour "modification des lieux d’un crime en vue de faire obstacle à la manifestation de la vérité", selon les termes du réquisitoire supplétif du parquet de Sarreguemines en date du 10 août : la remise en liberté sans mesure contraignante ; le contrôle judiciaire assorti d’obligations (interdiction de quitter la Moselle, de rencontrer tel témoin...) ; l’incarcération après saisine du juge des libertés et de la détention.

 

Nicolas BASTUCK
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