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Péroline mise en examen
mise en ligne le mardi 11 septembre 2001

Péroline, la compagne du meurtrier présumé de la jeune Karine assassinée à Bitche, a reconnu avoir déversé des bouteilles d’essence sur le corps de la victime. Elle a été mise en examen et placée sous un contrôle judiciaire très strict.


Les volte-face de Péroline, la compagne de Stéphane Krauth - accusé du meurtre de la jeune Karine - finiront un jour par entrer dans les annales judiciaires. Depuis son entrée dans le "dossier Karine", celle qui apparaît de jour en jour comme totalement insaisissable semble se livrer à une introspection publique dont personne, aujourd’hui, n’est en mesure de dire où elle s’arrêtera. De révélations en dénégations, la justice semble prise, bien malgré elle, dans les méandres psychologiques de l’intrigante jeune femme, dépositaire d’une vérité. Mais laquelle ?

Quoi qu’il en soit, hier, la jeune mère de 19 ans a été mise en examen pour "modification de l’état des lieux d’un crime (...) en vue de faire obstacle à la manifestation de la vérité. En l’espèce, en participant à l’incendie du corps et des affaires de Karine Schaff". Entendue durant près de 4 heures par le juge d’instruction Vincent Raffray, la jeune femme a, selon les termes de son avocate, Me Frédérique Loscher, "complété ses précédentes déclarations". Péroline a réaffirmé dans un premier temps, comme elle l’avait fait précédemment devant le juge par intérim Benoît Giraud, être sortie de la voiture de Stéphane Krauth pour assister à la crémation de Karine en forêt de Mouterhouse, dans la nuit du dimanche 22 au lundi 23 juillet.

Elle a retiré les bijoux de Karine

Hier, elle a franchi un nouveau pas en révélant qu’elle s’était elle-même chargée de déverser trois bouteilles d’eau minérale remplies d’essence sur le corps sans vie de la jeune lycéenne bitchoise. Pendant ce temps, sa fille, âgée de trois mois, attendait sur le siège-auto sanglé à l’arrière de la Mazda 323 blanche. Péroline a précisé en outre avoir retiré les bijoux de la jeune fille déjà dénudée, les brûlant avec la quatrième bouteille de carburant. En revanche, Péroline n’a pas confirmé être à l’origine du projet de crémation, déclarant cette fois avoir "lancé l’idée en en discutant avec Steph". Péroline n’aurait accompagné Stéphane, ivre, que par crainte d’un accident de la route. "C’était la logique du moment", a expliqué hier son conseil. "Péroline a été emportée dans l’instant dans une spirale dont elle a honte aujourd’hui". Péroline précise également qu’au moment de vider les bouteilles d’essence, "la fille ne bougeait plus" et qu’elle ne "portait ni pantalon, ni chaussures".

"En regardant la télévision"

Quant à savoir si Stéphane Krauth avait pu la violer ou s’il l’avait volontairement percutée, Péroline serait restée évasive. Selon elle, son compagnon s’épanchait grandement lorsqu’il était saoul, allant jusqu’à confier qu’il avait frappé le crâne de Karine avec un démonte-pneu, qu’il l’avait étranglée avec la lanière de son sac à dos et qu’il l’avait renversée pour la violer. Les idées claires, il revenait, selon elle, sur ses propos, rééditant la thèse de l’accident qu’il a toujours soutenue depuis son arrestation.

Le lendemain de la découverte du VTT de Karine, ce lundi 23 juillet alors que les recherches venaient d’être lancées, le couple se serait encore concerté pour revenir à Bitche et faire disparaître le sac de l’adolescente. C’est en voyant à la télévision que la zone où le corps de la jeune fille avait été incinéré était survolée en hélicoptère que Péroline et Stéphane auraient fomenté ce nouveau transport sur place. Après avoir récupéré le sac en forêt, Péroline l’aurait brûlé quelques kilomètres plus loin, sur une aire d’autoroute entre Mouterhouse et Philippsbourg.

Expertises psychologiques

Comme son compagnon, Péroline fera bientôt l’objet d’une expertise psychologique. Sur deux périodes d’observation de quinze jours, elle rencontrera quatre spécialistes. Jusque-là, le juge l’a contrainte à se tenir à l’écart du tumulte médiatique. Placée sous contrôle judiciaire, Péroline s’est vu imposer, entre autres obligations, de s’abstenir de toute "déclaration publique ou privée à des tiers sur l’affaire". Péroline rendue au silence ne pourra désormais s’exprimer que face au juge d’instruction, aux enquêteurs ou à son avocate.

Me Martial Gagneux, défenseur de Stéphane Krauth, a aujourd’hui "le sentiment que d’une instruction objective, on glisse lentement vers une instruction à charge". Hier, il s’étonnait que l’on accorde "une fois encore du crédit aux variations de Péroline". Me Gagneux a relevé ainsi que la jeune femme "utilisait à présent les mêmes termes que Sébastien S. - l’ami du jeune couple à qui Krauth aurait confié "vouloir faire un coup avec une fille" - et reprenait à son compte ses déclarations". Preuve, selon lui, de l’influence que "pouvaient avoir l’entourage et le travail réalisé avant les auditions". Le conseil du principal suspect est également surpris que "la justice puisse être aussi complaisante" à son égard. "Pourquoi lui laisser dire autant de choses alors qu’on n’a encore aucun élément objectif dans le dossier ?", s’est-il ému.

Les compléments d’autopsie et les expertises génétiques sont toujours attendus. Stéphane Krauth sera interrogé à son tour ce jeudi.

 

Nicolas BASTUCK et Thierry FEDRIGO
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