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Stéphane Krauth maintient la thèse de l’accident
mise en ligne le vendredi 14 septembre 2001

Entendu durant cinq heures par le juge Vincent Raffray, hier à Sarreguemines, Stéphane Krauth est resté arc-bouté sur ses positions. Il reconnaît avoir percuté Karine mais continue à soutenir la thèse de l’"accident".


C’est un rituel désormais bien rodé : ceints de gilets pare-balles et armés de fusils à pompe, les gendarmes mobiles propulsent toutes sirènes hurlantes Stéphane Krauth dans les galeries du palais de justice. Le suspect est enroulé dans une couverture en laine, qui le protège des photographes sans le mettre pour autant à l’abri des insultes des dizaines de badauds, massées à l’arrière du tribunal. Hier encore, on a vu un couple de Sarregueminois battre la semelle sous la pluie durant cinq heures, appareil jetable en main, pour le seul plaisir de hurler "à mort !" et "assassin !" au moment où le meurtrier présumé quittait sous haute protection la "souricière" du palais.

Tout ça pour... rien, si l’on en croit Me Martial Gagneux, le conseil de Stéphane Krauth mis en examen et écroué depuis le 2 août pour "meurtre accompagné, précédé ou suivi de viol", dans l’affaire de la mort de la jeune Karine. Après cinq heures d’interrogatoire, l’avocat, pressé de questions par les journalistes, s’en est tenu à un laconique "absolument rien de neuf", indiquant que Krauth continuait à "soutenir mordicus" la thèse de l’accident. "Mon client a redonné les mêmes explications au juge, de façon peut-être plus approfondie mais avec la même constance sur le fond", a martelé Me Gagneux. Ainsi, la mort de Karine procéderait d’un accident qui aurait "mal tourné". L’homme à la Mazda 323, parti faire une "pointe de vitesse" à Bitche dans un état "totalement défoncé", aurait percuté sans le vouloir le vélo de la malheureuse lycéenne.

Sa première intention aurait été de la conduire à l’hôpital mais il aurait paniqué en la voyant à terre en proie à de terribles convulsions. Krauth l’aurait alors "gazée" avant de la charger à bord de son véhicule. Selon lui, Karine serait morte "moins de dix minutes" plus tard. Il se serait débarrassé de son corps en forêt de Mouterhouse avant de "tomber dans les vapes", de se réveiller et de filer vers la Nationale 62, direction Mulhouse où l’attendait Péroline.

"J’ai dû confondre Karine et Péroline"

Quid des accusations de son "ami" Stéphane Suck, à qui il aurait manifesté son intention de "faire un coup avec une fille" ? Du "n’importe quoi". Qu’en est-il de ses "flashes", de ses "trous de mémoire" et des "mauvais délires" dont il avait fait état lors d’un précédent interrogatoire ? Oubliés. Hier, Me Gagneux s’est bien gardé de revenir sur ces inquiétantes formules, indiquant seulement que Krauth avait expliqué que ces "troubles de la perception" procédaient d’un cocktail d’alcool et de cannabis. Dans ses hallucinations, il aurait "confondu Karine et Péroline". Pour le reste, Krauth jure ne pas avoir "violé la fille" mais s’explique mal pourquoi celle-ci était dévêtue quand son corps a été découvert.

Et Péroline, qui déclarait lundi encore que quand "Stéph’ était à jeun, il parlait d’un accident mais que dès lors qu’il avait bu ou fumé, il se traitait de meurtrier" ? Balivernes, "jamais dit ça". Curieusement, Krauth a tenté hier de "couvrir" sa jeune fiancée, affirmant - contrairement à elle - qu’elle était restée dans la voiture, le dimanche soir, une fois le couple revenu à Mouterhouse, tandis qu’il s’employait à incendier le cadavre. Pour le reste, motus. "Pour des raisons de procédure, le juge n’a pas pu questionner mon client sur les dernières déclarations de sa concubine", a souri l’avocat à l’issue de l’audition. Le code dispose en effet que le dossier doit être mis à la disposition des avocats quatre jours au plus tard avant chaque interrogatoire du mis en examen, sous peine de nullité. Mais alors, pourquoi ne pas avoir attendu un jour de plus pour convoquer Krauth ? Mystère...

"Aucun sens"

Ainsi, ce nouvel interrogatoire - le troisième - n’aura guère fait progresser l’instruction, en l’absence des expertises médico-légales et génétiques dont les résultats se font toujours attendre. Deux préservatifs retrouvés à quelques mètres du corps de Karine doivent faire l’objet d’une analyse ADN. Quant aux compléments d’autopsie, il se murmure déjà qu’ils n’apporteront rien. Reste les déclarations des uns et des autres, avec la fiabilité que l’on sait... Me Gagneux a indiqué hier qu’il allait demander dans les "meilleurs délais" une confrontation "à deux, puis à trois" entre son client, Péroline Garino et Sébastien Suck. Pour "faire le tri", a-t-il expliqué. Le jeune avocat a froncé les sourcils, indiquant qu’il saisirait la chambre de l’instruction s’il n’obtenait pas satisfaction sur ce point.

L’avocate de Péroline, Me Frédérique Loescher, qui venait de recevoir le PV d’audition de Stéphane Krauth, s’est bornée quant à elle à indiquer que tout cela n’avait "aucun sens".

Bref, on patine.

 

Nicolas BASTUCK et Thierry FEDRIGO
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