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Procès Krauth : les experts contredisent la thèse de l’accusé
mise en ligne le mercredi 15 février 2006

Les médecins légistes n’ont pas déterminé la cause de la mort de Karine Schaaff. Mais ils assurent que les lésions retrouvées sur son corps ne sont pas compatibles avec le choc violent d’une voiture roulant à vive allure.


Stéphane Krauth a la mémoire qui flanche. Aujourd’hui il ne se souvient plus de la vitesse à laquelle il roulait sur la route de Dambach le 22 juillet 2001. "Je roulais vite, j’étais en cinquième", dit-il. "Oui, mais à quelle vitesse", insiste la présidente. Elle ne sera pas la seule à insister, l’avocat général et Me Welzer, le conseil de la famille Schaaff, feront la même demande. Devant le juge d’instruction l’accusé avait donné une fourchette de 80 à 120 km/h.

Le problème pour Stéphane Krauth est que cette vitesse est incompatible avec les lésions mineures observées sur le corps putréfié et en partie carbonisé de Karine Schaaff. "La difficulté du dossier est le contraste flagrant entre l’extrême pauvreté des lésions et la gravité du tableau clinique", dit le docteur Wilfrid Momper, médecin légiste. "Qu’avez-vous à dire après ces conclusions qui contredisent votre version", interroge la présidente. "J’ai indiqué que j’ai freiné", répond-il. "A quelle vitesse rouliez-vous après le freinage ?", reprend la présidente. "Je ne sais pas".

Fractures vitales

Les premiers légistes qui se sont penchés sur le corps de la jeune fille ont noté la présence de fractures cartilagineuses sur huit cotes, quatre fractures à droite et quatre à gauche. L’examen anatomopathologique démontre que ces fractures ont été réalisées avant le décès de l’adolescente. Conclusions que ne partagent pas les seconds légistes qui ont examiné la dépouille trois mois plus tard. Ceux-ci n’excluent pas des fractures dues au phénomène de putréfaction du corps. Mais ils n’ont pas réalisé d’examen microscopique des tissus en question. A la barre hier, après avoir pris connaissance des résultats d’analyses des tissus, le professeur Ludes du second collège d’experts estime à son tour que ces lésions costales dues à un écrasement sont antérieures à la mort de Karine datant de trente minutes à trois heures avant son décès.

La surprise de l’après-midi viendra d’un témoin de la défense de Stéphane Krauth. Me Alexandre Bouthier a fait citer le professeur nancéien Henri Coudane, médecin-légiste expert auprès de la cour de cassation. Celui-ci a pris connaissance de toutes les expertises réalisées dans cette affaire. "La première autopsie a été particulière difficile, mais je ne partage pas les conclusions de mes confrères sur la biomécanique de l’accident. Ce qui a été rapporté sur la violence du choc est largement discutable. Il est dommage que l’on n’ait pas pris le soin de faire une radiographie du corps entier". Avec et oubli pendant une heure la défense pense avoir trouvé la faille du dossier. Mais les docteurs Marc-Antoine Leupold et Wilfrid Momper lèvent l’ambiguïté, "les radiographies du corps entier ont bien été faites. Les clichés ont été placés sous scellés par les gendarmes". Ils avaient simplement omis de le préciser dans leur rapport.

La bataille d’experts a bouleversé Edith Schaaff, la maman de Karine. Elle a assisté à tous ces échanges en maîtrisant sa colère. "Messieurs les jurés posez-vous les bonnes questions", crie-t-elle dans le micro. "Il y a des réponses que je n’ai jamais eues. Pourquoi est-il revenu juste pour brûler un corps ? Celui-ci était dans un endroit introuvable. Et on nous dit que c’est pour effacer des empreintes ! Messieurs les jurés posez-vous les bonnes questions." Elles seront posées cette après-midi à Péroline Garino et Stéphane Krauth, réunis le temps d’un interrogatoire.

 

M.-O.N.
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