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Stéphane Krauth demande pardon
mise en ligne le samedi 11 février 2006

Le procès en appel de Stéphane Krauth s’est ouvert hier devant la cour d’assises de Meurthe-et-Moselle. Si l’accusé plaide toujours l’accident fortuit, il a tenu à demander pardon aux parents de Karine.


Karine avait le sourire chaleureux, essayant de comprendre le pourquoi chez les gens, faisant ressortir leur côté positif. Elle va vous être présentée comme un corps, un cadavre. C’était une personne vivante qui rêvait de sa vie. Elle avait envie de vivre sa jeunesse". Edith Schaaff, la maman de Karine, débute un long monologue douloureux devant la cour d’assises de la Meurthe-et-Moselle. Autour de son cou, en médaillon, le portrait de sa fille. En face d’elle, le vélo à la roue arrière voilée de l’adolescente. Dans le box, à sa droite, Stéphane Krauth, 28 ans. Celui-ci répond de l’enlèvement et de la séquestration suivis de la mort et du viol de la jeune fille le 22 juillet 2001 à Bitche.

Pendant une heure et quart, il écoutera Edith Schaaff les mains croisées sur le bas de son visage, les yeux baissés ou fermés, les traits tirés. Quelques minutes auparavant, après la déposition du papa de Karine, Stéphane Krauth s’était levé pour lui dire en le regardant, "Certes je suis coupable de la mort de Karine. Mais je ne l’ai pas tuée volontairement, je ne l’ai pas violée. Même si vous ne pouvez pas me pardonner, je peux vous comprendre, je vous demande pardon. Je m’excuse."

La douleur rend égoïste

"Aujourd’hui cela fait 54 mois que Karine a été enlevée. C’est bizarre on ne pense pas que les mois passent. On a l’impression que tout est là tout près, prêt à vous blesser de l’intérieur. Entre deux procès on ne vous laisse pas tranquille. Quinze jours après le premier procès, nous avons reçu six lettres recommandées. C’est l’assassin de votre enfant qui demande à être remis en liberté. Sa concubine a fait la même chose. Alors vous avez peur, vous attendez que la procédure arrive et puis vous n’avez pas le droit de rentrer dans les salles d’audience. Aujourd’hui, j’ai dépassé le cap de savoir si on va me plaindre ou pas. Je veux juste que vous analysiez toute la réalité, la souffrance que cela peut créer", dit la maman de Karine en s’adressant aux jurés. Courageusement, de temps à autre, au fil de son discours, elle étouffe les sanglots qui monte de ses entrailles. "C’est nerveux", s’excuse-t-elle. Elle raconte aux jurés l’attente insupportable après la disparition de sa fille. Puis la convocation chez les gendarmes. "Ils nous ont pris mon mari et moi dans deux salles séparées. Ils m’ont fait parler de ma vie depuis mon mariage. J’ai compris après qu’ils ne voulaient pas que j’apprenne par la radio que l’on avait retrouvé le corps de ma fille." Ensuite, "On apprend à gérer ses médicaments. Parfois cela vous rend comme un glaçon. La douleur rend égoïste, vous change le caractère. Aujourd’hui, il nous demande pardon. En quatorze mois, ils l’ont bien éduqué. Au premier procès, le président a dû lui arracher des excuses". Elle s’apprête à quitter la petite estrade sur laquelle elle se trouve lorsque Stéphane Krauth se lève "je vous demande pardon", dit-il. "Pas la peine", répond Edith Schaaff. "Je vous demande pardon même si ce n’est pas excusable", insiste l’accusé. Le procès reprendra lundi matin.

 

M.-O.N.
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