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La défense de Péroline : "Ne pas confondre loi et morale"
mise en ligne le samedi 23 octobre 2004


 
L’avocate générale n’a pas ménagé Péroline dans son réquisitoire. Alors Péroline, les cheveux tirés en queue de cheval, son éternel pull rose sur le dos, accuse le coup sur son banc. Elle s’affaisse un peu plus sur la table devant elle. Ses mains passent nerveusement sur ses joues devenues plus rouges. Lorsque l’avocate générale requiert trois ans d’emprisonnement à son encontre, la jeune femme ne laisse rien paraître mais on devine que son coeur bat à tout rompre. Puis ses yeux s’immobilisent dans le vide. Vient-elle de comprendre qu’elle risque de dormir le soir même en prison ? Peut-être. Son avocate, Me Loescher-Lorioz, est nerveuse elle aussi à quelques minutes de sa plaidoirie. Elle sourit à ses interlocuteurs comme pour se donner le punch nécessaire avant le grand oral. "Vu le réquisitoire, je risque d’être un peu plus longue que prévu", lâche-t-elle. Puis l’avocate se lance : "Péroline est une énigme, y compris pour la justice (...) mais je vais vous parler d’elle. Je la côtoie depuis trois ans et je peux vous dire qu’elle est attachante. Péroline est une petite fille qui a perdu sa maman...". Ainsi, Me Loescher va appuyer sur un parcours de vie chaotique, va parler d’une enfant ballottée de pensionnats en internat, d’une femme battue. "Puis, c’est le cataclysme", poursuit l’avocate. Pour évoquer l’affaire de Bitche, Me Loescher se noie d’abord dans une référence cinématographique inadaptée. Elle appelle Luc Besson à la rescousse. Moues gênées dans l’assistance. L’avocate est plus à l’aise quand elle revient au dossier. "Au départ, Péroline croyait vraiment qu’il s’agissait d’un accident. Brûler le corps de Karine : oui elle l’a suggéré. Mais elle n’a pas participé activement à la crémation. D’ailleurs, au début de l’instruction, Stéphane Krauth a avoué en être l’auteur avant d’accuser sa compagne. La relation sexuelle à 40 mètres du cadavre : Péroline assume sans fierté. Les experts ont écarté toute perversité". Puis Me Loescher, au bout d’une bonne heure de plaidoirie, conclut : "Mesdames et messieurs les jurés, ne la jugez pas sur un contexte, ne la jugez pas sur les suggestions qu’elle a pu faire. Ne confondez pas la loi et la morale. Jugez la uniquement sur les faits : la seule destruction de preuves, la destruction d’un bracelet de montre ou d’un collier de perles."

S. M.

 


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