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Les experts suivent la Mazda de l’accusé à la trace
mise en ligne le mercredi 20 octobre 2004

Après les légistes, les experts en automobile... La cour a eu droit hier à un exposé très savant sur la trajectoire et la vitesse suivies par le véhicule de Stéphane Krauth. L’accusation semble avoir marqué des points. Quant à la défense, elle s’est félicitée de cette journée.


Les mathématiques mènent à tout... y compris à la criminologie. Les gendarmes ont analysé les traces de gomme laissées sur la chaussée ; scruté les débris d’un phare en miettes et passé au crible traces de peinture et éraflures ; examiné le vélo sous toutes ses coutures ; mesuré, calibré et comparé tout ce qui pouvait l’être. À grand renfort de croquis détaillés, de "reconstitution cinématique" et d’équations à double racine carrée, ils en sont arrivés à trois conclusions : la Mazda déglinguée de Stéphane Krauth roulait à une vitesse comprise "entre 30 et 40 km/h" lorsqu’elle est venue percuter le vélo de Karine Schaaff ; la distance séparant la zone d’impact du point où la bicyclette de la jeune fille a été retrouvée est estimée à une dizaine de mètres ; l’angle oblique formé par l’avant du véhicule et l’arrière du VTT oscille entre "0 et 30°". Voilà pour les certitudes. Pour le reste, et sans jamais se départir d’une rigueur toute militaire, doublée de la prudence du scientifique, le capitaine Jean-Philippe Depriester, ingénieur à l’Institut de recherches criminelles de la Gendarmerie nationale, a scrupuleusement borné son intervention, hier. La ponctuant de formules du genre : "Maître, vous ne m’entraînerez pas sur ce terrain..." ; "Affirmatif jusque-là, après, c’est vous qui le dites...> ; "Il ne m’appartient pas de me prononcer sur ce point...". Très savant, l’exposé de cet expert a fait forte impression à la cour, même si l’on pouvait se demander parfois s’il n’aurait pas fallu faire maths sup’ pour en suivre tous les méandres.

Stéphane Krauth pouvait-il rouler à 120 km/h, comme il le prétend ? "Cette vitesse est possible mais ne peut correspondre à un freinage d’urgence. Elle ne peut que correspondre à un freinage contrôlé, auquel cas une manoeuvre d’évitement était possible", répond l’officier. Et d’ajouter, prudent : "Je ne me prononcerai pas sur l’implication volontaire ou non de la collision".

-  Stéphane Krauth, veuillez-vous lever, enjoint le président Kunlin. Décrivez-nous la scène...

-  L’accusé : Je me suis dirigé vers la zone industrielle, j’ai accéléré en passant tous les rapports jusqu’à la cinquième. Soudain, j’ai vu une silhouette devant moi alors j’ai freiné.

-  Avez-vous utilisé le frein à main ?

-  J’ai pilé sec avec le pied. Non, pas de frein à main.

-  C’est un élément nouveau dans ce procès, note le président. Très bien, asseyez-vous.

"C’est une possibilité..."

Digérant aussitôt cette nouvelle donnée, le disque dur du capitaine Depriester se met en marche : "Donc, la trace de freinage "A 17" que vous voyez sur ce schéma n’a pu être le fait du véhicule de M. Krauth. En revanche, les traces "A 19" et "A 20" résultent d’une action du conducteur sur le volant". Traduction : l’accusé semble avoir foncé sur le vélo.

-  Intentionnellement, n’est-ce pas ?, se réjouit Me Roger Vourms, avocat de la partie civile.

-  Il ne m’appartient pas de répondre, se referme l’expert.

-  Aurait-il pu l’éviter ?, insiste Me Vourms.

-  C’est une possibilité...

Pour la troisième fois, le Dr Wilfrid Momper est appelé à la barre. Le matin, ce médecin-légiste s’était fait éreinter par la défense qui lui reprochait son "manque d’impartialité". "Je note que vous avez un avis sur tout, même dans les matières où vous n’êtes pas compétent", lui avait fait remarquer Me Bouthier.

-  Que pensez-vous de tout ça ?, lui demande à présent le président.

-  Ça conforte ce que j’avais laissé entendre hier et ce matin, triomphe-t-il. Si Krauth circulait à une vitesse bien inférieure à celle annoncée, hypothèse que je soutiens et qui semble se vérifier, on ne voit pas comment les lésions traumatiques mineures que nous avons relevées auraient pu être à l’origine de la mort de la victime.

Tassé dans son box, Stéphane Krauth semble avoir décroché depuis un bon moment.

 

Nicolas BASTUCK
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