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Les retrouvailles judiciaires des "amants terribles"
mise en ligne le samedi 16 octobre 2004

Cordon de CRS, barricades et fouille en règle : le procès de Stéphane Krauth et de son ex-concubine Péroline Garino s’est ouvert hier matin sous haute protection, devant la cour d’assises de la Moselle. Il devrait durer huit jours.


 
Engoncée dans une grosse doudoune barrée d’un petit sac en jeans, mâchouillant un chewing-gum, Péroline est arrivée la première, flanquée de son avocate et d’une escouade de policiers destinée à la protéger des journalistes. Accusée d’avoir aidé son ancien compagnon à faire brûler le cadavre de Karine Schaaff, elle comparaît pour "destruction ou altération de preuves". Stéphane Krauth pénètre quelques minutes plus tard dans la salle d’audience, solidement entravé et encadré. On l’imaginait moins jeune, physiquement plus inquiétant. Visage presque poupon, pull marine doublé d’une veste en toile noire, il ne tarde pas à se fondre dans la masse bleue des deux gardes qui, durant huit jours, lui tiendront lieu de colocataires de box. En détention provisoire depuis son arrestation, il y a un peu plus de trois ans, il est accusé d’"enlèvement, séquestration et viol suivis de mort".

Les deux anciens amants font mine de s’ignorer. On les surprend parfois qui s’observent du coin de l’oeil, subrepticement, comme si chacun redoutait la confrontation oculaire. Stéphane Krauth s’est calé au fond du box, adossé aux boiseries, lèvres pincées et bras croisés. Ses yeux rougis clignotent sans cesse, trahissant une certaine nervosité et une forte consommation d’anxiolytiques. Elle est assise au premier rang, blottie contre son avocate qu’elle semble davantage considérer comme une bonne copine que comme l’auxiliaire de sa défense. Péroline lorgne sur les notes de son conseil, attache ses cheveux, se ravise et les dénoue. Elle a la mine inquiète d’une collégienne qui, n’ayant pas révisé pour l’interro, dissimulerait des pompes dans sa poche ou compterait sur sa voisine. Muraille de papiers, la pile de dossier édifiée par son avocate semble devoir la protéger de son ancienne vie incarnée par cet ancien concubin si proche.

Pièces à conviction

Face à la cour, adossé à la table des pièces à conviction, incongru : le VTT gris de Karine. La selle, sur laquelle avaient été prélevées des traces de gaz lacrymogène, a été détachée et placée sous scellés. "Je ne m’attendais pas à voir le vélo de ma fille ici...", confiera à la première suspension Mme Édith Schaaff, la médaille de Karine en sautoir. "Le plus difficile, c’est de les avoir en face de soi et d’être obligé de se taire", soupire une tante de la victime. Il est 10h, l’audience peut commencer.

-  Bien, M. Krauth, levez-vous, ordonne le président Kunlin.

-  Je suis Krauth Stéphane, j’ai 23 ans, j’étais intérimaire, se présente-t-il.

-  Très bien, veuillez-vous rasseoir.

Ce premier lapsus fait bondir ses avocats. L’accusé a, en réalité, trois ans de plus.

-  Mlle Garino, veuillez vous lever à votre tour.

-  Ben, je m’appelle Péroline Garino, j’ai 22 ans, je suis agent hospitalier mais là, je travaille pas.

Le président annonce la couleur : Krauth encourt la perpétuité, "Péroline" ou "la petite Garino" (ainsi l’appellera-t-il désormais) trois ans d’emprisonnement.

Six femmes et trois hommes sont tirés au sort pour le jury. La lecture de l’arrêt de renvoi (1h30) est un supplice pour la partie civile. Édith Schaaff, la mère, tamponne régulièrement ses yeux embués. Fabrice, le grand frère, est blanc comme un linge tandis que Robert, le père, se tasse définitivement sur son banc.

Le dispositif est en place. À présent, la cour va tenter d’en savoir un peu plus sur la personnalité de ceux que la presse avait surnommés les "amants terribles".

 

Stéphane MAZZUCOTELLI, Nicolas BASTUCK
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