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Krauth chez le juge : neuf expertises, aucune certitude
mise en ligne le vendredi 21 décembre 2001

Stéphane Krauth, mis en examen pour le "meurtre accompagné, précédé ou suivi du viol" de Karine, cette jeune Bitchoise dont les restes en partie calcinés avaient été découverts le 2 août dernier en forêt de Mouterhouse, a été entendu hier matin à sa demande par le juge Vincent Raffray.


Du fond de sa cellule, Stéphane Krauth avait écrit il y a quelques jours au magistrat instructeur, indiquant avoir des "révélations" à lui faire. Le meurtrier présumé de Karine est arrivé hier matin, vers 10h30, au palais de justice de Sarreguemines. Il en est ressorti une heure plus tard, sous bonne escorte. Sa précédente audition remontait au 13 septembre.

En guise de "révélations", Stéphane Krauth a soutenu qu’il n’avait pas participé à la crémation du corps de la victime, contredisant ainsi ses précédentes déclarations. "Je voulais protéger la mère de ma petite fille. Maintenant que je sais que mon enfant a été placé à la DDASS, je n’ai plus aucune raison de couvrir qui que ce soit. Lorsque j’ai revu le cadavre, je me suis senti mal. C’est Péroline qui a allumé le feu", a-t-il expliqué.

Léa, âgée de quelques mois, a été retirée il y a quelques semaines à la garde de sa mère, sur décision d’un juge des enfants messin. Péroline Garino, 19 ans, avait reconnu lors de sa dernière audition (10 septembre) avoir déversé le contenu de trois bouteilles d’essence sur le corps sans vie de Karine, le soir des faits. Elle affirmait alors "avoir eu cette idée avec Stéph’", après que celui-ci lui avait confié qu’il avait fait "une connerie".

Le couple était revenu le lendemain soir dans la forêt, pour y récupérer cette fois les bouteilles et quelques indices abandonnés sur place, dont le sac de la victime, brûlé sur le chemin du retour sur une aire d’autoroute. Ces aveux avaient valu à Péroline d’être mise en examen pour "modification de l’état des lieux d’un crime en vue de faire obstacle à la manifestation de la vérité". La jeune femme avait été laissée en liberté mais placée sous un contrôle judiciaire très strict.

"C’est Péroline qui a mis le feu"

Hier, le juge Raffray a profité de cette audition pour notifier officiellement à Krauth le résultat de plusieurs expertises - neuf au total, sur quinze en cours. La plus importante porte sur les traces de sperme que renfermaient les deux préservatifs découverts à proximité du corps. L’Institut de recherches criminelles de la Gendarmerie nationale (IRCGN) a confirmé que l’ADN prélevé dans le latex correspondait bien à celui de Krauth (RL du 7-11-2001). Ce dernier a répété hier qu’il avait utilisé ces préservatifs "avec Péroline", au cours d’un rapport sexuel "dans la voiture", lors du deuxième transport sur place. Après l’avoir évoqué un temps, Péroline dément aujourd’hui cet épisode sordide.

Parmi les autres expertises évoquées hier : les traces de peinture découvertes sur le vélo de Karine. Il est établi qu’elles proviennent du pare-chocs de la Mazda de Stéphane Krauth. Par ailleurs, l’expertise des freins de la voiture a révélé qu’ils fonctionnaient parfaitement. En revanche, aucune empreinte digitale de Karine n’a été mise au jour à l’intérieur du véhicule, seules les empreintes de Krauth et de son amie ayant pu être détectées. Enfin, des cheveux, en cours d’analyse, ont été retrouvés dans la Mazda, au même titre il est vrai que quantité de miettes, poils et autres résidus en tout genre.

Plus anecdotique : le carton à pizza découvert sur l’aire de stationnement où Krauth avait passé la nuit, la veille de "l’accident", n’a rien appris au juge. D’autres investigations sont toujours en cours. Parmi elles : les compléments d’expertise diligentés à la suite de la première autopsie, laquelle s’était révélée infructueuse, de même que l’"expertise accident", qui vise à reconstituer le film des événements ayant conduit à la collision. Enfin, le collège de psychiatres chargés de scruter le mental de Krauth et de sa concubine n’a toujours pas rendu sa copie.

"Rien n’est clair"

"Quinze expertises en tout genre et autant d’auditions ont été menées jusqu’à présent. Aucune n’est venue, à ce jour, contredire la thèse de l’accident soutenue depuis le premier jour par mon client", a indiqué hier matin Me Dominique Boh-Petit, le nouveau conseil de Stéphane Krauth. L’avocate messine, qui "découvre" la procédure de même que "le difficile passé" de son client, a confié que le dossier lui faisait penser à "quarante-huit heures de folie". "Mon client tente de recoller les morceaux, je ne suis pas persuadée qu’il veuille cacher la vérité", a déclaré Me Boh-Petit sur le perron du palais de justice. "Rien n’est clair dans cette affaire, je l’ai toujours dit", a complété Me Martial Gagneux, l’autre défenseur de Krauth.

 

Nicolas BASTUCK et Thierry FEDRIGO
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