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Le procureur dévoile des éléments de l’autopsie
mise en ligne le vendredi 16 novembre 2001

Le procureur de la République de Sarreguemines a décidé de produire des éléments du rapport d’autopsie révélé mercredi aux parents de Karine Schaaff. Ceux-ci confirment que "toutes les constatations sont de nature à exclure avec certitude la thèse du décès purement accidentel".


Suite à la délivrance mardi dernier des expertises médico-légales pratiquées sur le corps de Karine, François Jurdey, procureur de la République de Sarreguemines, confirme dans un communiqué que "selon les experts, toutes les constatations sont de nature à exclure avec certitude la thèse du décès purement accidentel". Selon les rapports encore, "les lésions observées sur le corps de la jeune fille n’ont pas pu entraîner la mort et elles ne correspondent en aucune façon aux lésions qu’aurait provoqué un accident à 100-120 km/h". Un premier élément qui bat en brèche les premières déclarations de Stéphane Krauth.

Celui-ci, mis en examen des chefs "d’enlèvement et de séquestration suivie de mort, viol et meurtre suivi d’un autre crime", avait en effet relaté au cours de sa première garde à vue une autre version des faits : "J’ai décidé de quitter la route nationale et d’emprunter une route menant à la zone industrielle. Je ne me souviens pas avoir rencontré de voiture, ou de personne sur le chemin. J’ai dû circuler à 120 km/h. En abordant un virage, j’ai vu quelque chose bouger, sans savoir ce que c’était. J’ai immédiatement freiné, mais je n’ai pas réussi à m’arrêter. J’ai entendu un gros bruit, puis j’ai vu voler un corps." Depuis, Stéphane Krauth ne s’est jamais désavoué, se contentant simplement de relativiser la vitesse énoncée devant les enquêteurs.

Pas de conclusions sur le viol

Pour le reste, il a maintenu ses dépositions, infirmant qu’il ait pu volontairement percuter Karine ce 22 juillet sur la petite route de la zone industrielle de Bitche. Pourtant, des analyses n’attribueraient pas les traces de freinage relevées sur les lieux de la disparition de la Bitchoise à son véhicule, selon une source proche de l’enquête. Le conducteur n’aurait donc pas roulé si vite qu’il le prétend. Aujourd’hui, la justice estime qu’il se trouvait plus près des 50-60 km/h que des 100-120 km/h.

Par ailleurs, il reste à déterminer ce qui a pu provoquer les nombreuses blessures relevées sur la dépouille de l’adolescente. Le procureur de la République indique que Karine a souffert de "fractures costales des 7e, 8e, 9e et 10e côtes gauches et des 4e, 5e, 6e et 10e côtes droites" et note que "ces fractures ont été réalisées du vivant de la victime". La tête, elle, "ne présente pas de lésion traumatique majeure, seule a été trouvée la trace d’une petite contusion pariétale droite se traduisant par un hématome sans lésion osseuse". Enfin, comme nous l’annoncions dans notre édition d’hier, "après étude du larynx, il est impossible de préciser s’il y a eu ou non strangulation".

"Un préservatif de trop"

Concernant les suspicions de viol, François Jurdey rapporte que "l’impossibilité d’effectuer des constatations au niveau des organes génitaux ne permet de tirer aucune conclusion objective sur l’éventualité d’un viol". Les médecins stipulent néanmoins qu’il "est possible d’affirmer avec certitude que le bas du corps de la victime était dénudé au moment de son incinération". A cela, Stéphane Krauth fournit une explication : les vêtements se seraient retirés en traînant Karine, alors inconsciente, sur le sol. Les expertises complémentaires réclamées tant par la partie civile que par le défenseur de Krauth permettront peut-être d’éclaircir ce point.

Me Wourms, avocat de la famille Schaaff, attend beaucoup des analyses supplémentaires qui seront réalisées sur les deux préservatifs trouvés en forêt de Mouterhouse, non loin du cadavre de Karine. Elles parviendront peut-être à dire de qui Stéphane Krauth, dont l’ADN a prouvé qu’il était porteur de ces préservatifs, a cherché à se protéger. Est-ce de sa compagne Péroline avec qui il serait revenu à deux reprises, le dimanche et le lundi, à l’endroit où avait été abandonnée, puis incinérée, Karine ? Où est-ce de la victime ? Pour Me Wourms, "il y a un préservatif de trop".

Selon Krauth, il n’y a pas eu de viol. Alors pourquoi le corps, trouvé "en état de décomposition très avancée", a t-il "été brûlé à des degrés variables selon la région concernée", comme le notent cliniquement les médecins légistes ? "Les analyses microscopiques de la peau ont montré que la victime était morte au moment de la crémation", ont en outre conclu les spécialistes. Comment, alors, Karine est-elle décédée ? Autant de questions qui se superposent chaque fois que de nouveaux éléments sont versés au dossier. Des réponses découleront peut-être des résultats des expertises complémentaires que le juge d’instruction suppose obtenir au début de l’année 2002. Dès lors, et à la lumière de ces données, il pourrait programmer une reconstitution pour février-mars.

 

Thierry FEDRIGO
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