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30 ans pour Krauth : la famille sous le choc
mise en ligne le samedi 18 février 2006

Les jurés de Meurthe-et-Moselle ont jeté un autre regard sur le crime de Stéphane Krauth. Ils l’ont condamné à 30 ans de réclusion criminelle avec une période de sûreté de 20 ans, provoquant la colère de la famille Schaaff.


"Il s’en sort bien. Je le tuerai, je le descendrai quand il sortira", Edith Schaaff, en pleurs, un mouchoir serré dans les mains, n’a pas pu contenir sa colère. Elle hurle. Peu avant 20 heures hier, au bout de trois heures quarante-cinq de délibéré, les jurés viennent de diminuer la peine infligée à Stéphane Krauth. La maman de Karine quitte la salle en criant. Dehors elle redit les mêmes choses aux micros qui se tendent vers elle. Le cordon serré de policiers, placé devant la salle de la cour d’assises de Nancy, avant le prononcé du verdict lui avait déjà mis la puce à l’oreille. "Il suffit de demander une petite réduction de peine et on vous l’accorde", dit le frère de Karine. "Il n’y a eu que des mensonges. Il a détruit toute notre famille. Nous sommes déçus", dit à son tour Roger Schaaff. En octobre 2004, devant la cour d’assises de la Moselle, Stéphane Krauth avait écopé de la peine maximale, la réclusion à perpétuité assortie de 22 ans incompressibles. Hier, il a été condamné à 30 ans de réclusion assortis d’une peine de sûreté de 20 ans.

"Je vous maudis"

Au début de la matinée, Me Welzer le conseil de la famille Schaaff et Gilles Lucazeau, l’avocat général, martèlent aux jurés leur vision accablant du dossier. Celle du rôdeur, du prédateur, qui guette sa proie. La collision provoquée, l’utilisation de la bombe lacrymogène pour neutraliser la petite victime. L’avocat général va encore plus loin. "Vous aviez l’intention d’embarquer le vélo de Karine", assure-t-il. Puis le viol dans la forêt de Bitche et la strangulation. "À quoi a servi le deuxième préservatif retrouvé sur place Krauth ?", questionne Me Welzer. "Péroline a vu des ecchymoses sur le corps de Karine. Vous montez dessus pour la violer. Elle ne se laisse pas faire. Ensuite vous l’arrachez à la vie", avance l’avocat général. "Vous allez m’obliger à prononcer un mot que je n’avais jamais dit en 35 ans de carrière, Stéphane Krauth je vous maudis pour ce que vous avez fait." Avant de se rasseoir, il demande contre l’accusé la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 22 ans. Ce dernier ne bronche pas.

Gravement coupable

Me Alexandre Bouthier, l’un des deux conseils du jeune homme, prend la parole en premier. "Dans ce dossier l’inconscient a vraiment fonctionné, la forêt, le feu, un ange, le diable", rappelle-t-il. "Stéphane Krauth ce n’est ni un monstre ni un diable. C’est un jeune homme immature au moment des faits. Ce dossier comporte 23 expertises, ce qui veut dire qu’il n’était pas aussi simple que cela." L’enquête n’a pu déterminer le caractère volontaire ou non de la collision. "Pour le viol il y a des éléments défavorables. Mais souvenez-vous qu’il conserve en mémoire des superpositions d’images où il se voit sur un cadavre, il le dira à deux reprises. En droit le viol sur un cadavre n’existe pas", plaide Me Bouthier.

Me Luc Girard, son second défenseur sera encore plus catégorique. "Sur les faits il est coupable bien sûr. Mais pour le viol on vous propose de l’autre côté une thèse. Pensez-vous qu’à ce moment précis il prenne le temps de mettre un préservatif ?", soutient Me Girard. Puis il s’attaque à la peine possible pour l’accusé. "On vous demande une décision d’exclusion. Ni la colère, ni la haine, ni la vengeance n’ont de place ici, la justice doit être au dessus. Il est coupable oui, coupable gravement oui. J’accepte que vous l’enfermiez très longtemps", mais il conclut en demandant aux jurés de ne pas fermer définitivement la porte à l’espoir.

"Je suis coupable de la mort de Karine. J’ai demandé pardon à toutes les personnes à qui j’ai fait du mal", redit Stéphane Krauth avant d’être reconduit dans les geôles. Les jurés partent délibérer. Ils reviennent au bout de 3h45 avec un verdict revu à la baisse. Pour l’enlèvement, la séquestration suivie de la mort de l’adolescente et son viol ils lui infligent une peine de 30 années de réclusion assortie d’une peine de sûreté de 20 ans.

 

M.-O.N.
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