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Des bouteilles en plastique remplies d’essence
mise en ligne le samedi 18 août 2001

"Elle s’est soulagé la conscience" a indiqué, hier, Me Loescher, avocate de Péroline, à l’issue d’une confrontation visiblement éprouvante pour tout le monde. Péroline, déjà à l’origine d’un rebondissement la semaine passée, a provoqué un nouveau revirement dans le dossier constitué sur la mort de Karine impliquant son compagnon, Stéphane Krauth. De plus en plus imprévisible, la jeune femme a craqué dans le bureau du juge d’instruction Vincent Raffray. Son audition en présence du père de sa fille, de l’avocat de celui-ci, Me Gagneux, et de son propre conseil, Me Loescher, a débuté dans une atmosphère tendue. Péroline serait apparue angoissée et aurait pleuré en découvrant Stéphane Krauth entravé. Au bout d’une demi-heure, la pression s’étant relâchée, elle serait passée aux aveux.

Selon ses dernières confidences, elle se trouvait bel et bien au côté de son concubin lors de la crémation de Karine. Stéphane Krauth, après avoir déposé le corps de la jeune fille dans la forêt de Mouterhouse, aurait repris le chemin de Mulhouse. Vers 22 heures, il serait arrivé chez lui où l’attendait Péroline. Tous deux auraient discuté alors de ce qui s’était produit dans l’après-midi et, d’un commun accord, auraient décidé de retourner à Bitche afin d’effacer d’éventuels indices conduisant à Krauth. Vers 23 heures, peut-être minuit, ils embarquent avec leur bébé de trois mois dans leur Mazda 323 blanche, direction Bitche. En route, ils s’arrêtent à la station service de l’hypermarché Cora de Mulhouse, font le plein de leur véhicule et remplissent des bouteilles d’eau minérale avec de l’essence.

"Pas de mise en examen"

Aux alentours de 2 heures, ils se seraient retrouvés dans les bois de Mouterhouse. Là, tandis que Péroline affirme s’être occupée de sa fille dans la voiture, Stéphane aurait mis le feu à la dépouille de Karine. Sur les coups de cinq heures du matin, leur besogne achevée, les voilà de retour à Mulhouse. La journée de lundi passe. Le soir venant et prétendant qu’ils avaient oublié sur place le sac de Karine et les bouteilles de carburant, ils seraient repartis à Bitche. Ce sera leur dernière navette avant de s’enfermer dans un silence complice jusqu’à l’interpellation de Stéphane Krauth le mardi 31 juillet.

Ces derniers éléments épaississent un peu plus la somme d’informations que le magistrat instructeur détient actuellement. Pour l’heure, Péroline, malgré ses nouvelles révélations, conserve son statut de témoin assisté. Son avocate a précisé qu’elle n’avait "pas pris part à la crémation" et n’était "pas mise en examen". Le parquet a néanmoins pris un réquisitoire supplétif dirigé contre elle pour "dégradation de l’état des lieux d’un crime en participant à l’incendie du corps, faisant ainsi obstacle à la manifestation de la vérité", infraction classée dans le code pénal au chapitre des délits d’entrave. Le juge d’instruction pourra ainsi mener toutes les investigations qu’il considère nécessaire dans le cadre de sa saisine. Il devrait notamment vérifier sur la cassette de vidéo surveillance de Cora Mulhouse si Péroline se trouvait en compagnie de Stéphane Krauth aux pompes du magasin dans la nuit du dimanche 22 au lundi 23 juillet.

"C’était n’importe quoi"

De la véracité des indications fournies par la jeune femme devrait dépendre finalement sa mise en examen. Pour Me Gagneux, défenseur de Stéphane Krauth, cette troisième version de Péroline, dont la sincérité reste encore à établir, permet d’écarter provisoirement la thèse criminelle. "Rien ne peut plus l’affirmer, a stipulé Me Gagneux. On assiste à un retour à la case "départ". Il s’agit, à nouveau, de connaître l’heure du décès de la jeune fille. Et si, effectivement, elle est morte dans les 10 minutes, la panique est fondée. Je constate, pour l’instant, que Krauth a été plutôt constant dans ses déclarations."

Une constance dont le jeune homme a encore fait preuve hier, puisqu’il a maintenu sa thèse de l’accident. Quand aux présomptions de viol, Péroline aurait tout bonnement dit que "c’était n’importe quoi". Qu’en l’accusant, elle avait simplement cherché à se venger de son attitude violente à son égard, faisant allusion à une dispute qui s’était terminée en bagarre. Quant à Krauth, ses premières allégations, visant en particulier à impliquer son ami Sébastien, auraient dû, à première vue, permettre de protéger la mère de son enfant. Quand au reste de ses dires, comme les "flashs" perturbant sa perception de la réalité le dimanche de la disparition de Karine, ce serait à imputer à des troubles du comportement. Au magistrat instructeur de démêler l’écheveau et de vérifier à présent si tout cela concorde, enfin.


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