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Krauth : un réquisitoire définitif sans concession
mise en ligne le samedi 28 juin 2003

Le parquet de Sarreguemines vient de requérir le renvoi de Stéphane Krauth devant les assises pour "enlèvement suivi de mort" et "viol" et son ex-concubine Péroline pour "destruction d’objets de nature à faciliter la découverte d’un crime".


"À la lumière de l’information, l’analyse des faits montre que Krauth a tout d’abord commis un enlèvement qui, quelques heures plus tard, a entraîné la mort de la victime. Il a abusé sexuellement de la jeune fille dans cet intervalle". Le parquet de Sarreguemines vient d’adresser au juge d’instruction son "réquisitoire définitif" dans l’affaire de la jeune Karine, cette lycéenne de 17 ans dont le cadavre en partie calciné avait été découvert en forêt de Mouterhouse, une dizaine de jours après sa disparition, le 22 juillet 2001 à Bitche. Ce document d’une quarantaine de pages, dont le Républicain Lorrain a pu prendre connaissance, rassemble les charges retenues contre Stéphane Krauth et sa compagne Péroline Garino, tous deux mis en examen dans ce dossier.

Dans un chapitre intitulé "le déroulement probable des faits", le procureur, après avoir recensé les "certitudes acquises" au cours de l’information, livre au magistrat instructeur sa vision du dossier. Selon lui, Stéphane Krauth était "animé, sans doute depuis la veille, de l’intention d’accoster puis d’agresser sexuellement une jeune femme". Le parquet se fonde sur plusieurs éléments : les déclarations de Péroline et de Sébastien S. - un ami du couple - qui maintiennent que Krauth avait l’intention de "carotter une fille" ; l’acquisition d’une bombe lacrymogène et d’un électrochoc, quelques jours avant les faits.

Peut-être un "deuxième homme"

À la lumière de deux autres témoignages, l’accusation émet une hypothèse encore jamais avancée : avant son agression et son enlèvement, Karine aurait été victime d’un "accrochage fortuit ou provoqué" par Krauth, qui se trouve alors en compagnie d’un "individu non-identifié (...). Suite au choc, elle est recueillie par Krauth [et peut-être ce "deuxième homme"] qui la fait asseoir dans le véhicule. Il la laisse partir un instant plus tard (...) puis se ravise et la recherche dans les environs (...). Il roule lentement, la poursuit et la percute avec sa voiture pour la faire chuter. Le choc est peu violent. Krauth sort du véhicule, lui projette du gaz lacrymogène au visage, l’installe dans le véhicule et démarre brutalement à l’arrivée d’un témoin", suggère encore le procureur. "Il gagne la forêt de Mouterhouse qu’il connaît bien pour s’y être rendu de nombreuses fois avec Péroline. Il fait sortir la jeune fille de gré ou de force, la maintient et lui porte des coups. Il la frappe, sans doute avec l’outil qu’il cache sous son siège, et la déshabille partiellement. Il la contraint ensuite à une ou plusieurs relations sexuelles. Ces rapports violemment imposés sont suivis de la mort de la victime, sans doute par étranglement pratiqué soit à l’aide d’une cordelette de son sac à dos, soit à mains nues".

La suite est connue : "Krauth reprend la route avec son véhicule, téléphone à Péroline et rentre à Mulhouse. Il revient avec elle la nuit même [puis] sans doute la nuit suivante (...) pour incinérer le corps et faire disparaître les traces".

Au vu de plusieurs expertises, le réquisitoire affirme qu’au moment de l’accrochage, Krauth roulait à une "faible vitesse" (entre 30 et 40 km/h), contredisant la version de l’intéressé qui maintient la thèse d’un "accident" survenu "à 120 km/h". L’accusation confirme qu’aucune trace d’ADN de la victime n’a pu être relevée sur les deux préservatifs retrouvés dans la forêt. Il révèle qu’un cheveu de Karine a été prélevé sur la banquette arrière de la Mazda, tout en indiquant qu’après l’avoir gazée, Krauth l’a "probablement installée à l’avant-droit". Il rappelle enfin que l’autopsie n’a pas permis de mettre au jour de traces de viol, vu l’état de la dépouille de la malheureuse, exhumée sur les indications de Stéphane Krauth. "Les débris du larynx ne montrent pas de lésions mais la possibilité d’une strangulation ne peut être écartée", précise-t-il encore.

 

Nicolas BASTUCK
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