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Bitche : cruel épilogue
mise en ligne le vendredi 3 août 2001

Le corps calciné de Karine a été retrouvé hier en fin d’après-midi en forêt de Mouterhouse, à quelques kilomètres de l’endroit où la jeune Bitchoise avait été percutée par une Mazda 323, la dimanche 22 juillet. Mis en examen et écroué pour "enlèvement et séquestration suivis de mort", Stéphane Krauth a mené les gendarmes à la découverte macabre. Son complice devait être interpellé dans la soirée.


17h52 : après avoir sillonné le secteur durant plus d’une heure, les enquêteurs découvrent le corps sans vie et partiellement calciné de Karine, sur les indications de Stéphane Krauth, 23 ans. Menotté, le visage protégé des objectifs par une couverture en laine jaune, celui-ci arpente le terrain sous haute protection. Nous sommes en pleine forêt domaniale de Mouterhouse, à quelques kilomètres au sud de Bitche. Il faut moins de dix minutes en voiture pour rejoindre la zone artisanale de Bitche où, une semaine et demi plus tôt, le dimanche 22 juillet en milieu d’après-midi, Karine devait disparaître à jamais. Au guidon de son VTT tout neuf, la jeune lycéenne se rendait chez Mélanie, une camarade de classe domiciliée au bout de ce petit chemin de terre, dans un hameau de quelques habitations, en bordure du terrain de manoeuvre militaire de "Bitche Camp". 17h52... L’épilogue dramatique que tout le monde ici redoutait vient de se produire.

11h30 : présentation au juge

11h30, quelques heures plus tôt à Sarreguemines. Stéphane Krauth, jeune intérimaire de 23 ans, est présenté au juge d’instruction Vincent Raffray en charge du dossier de la disparition de Karine depuis que le procureur de Sarreguemines a ouvert, lundi dernier et après huit jours de battues infructueuses, une information judiciaire contre X pour "enlèvement et séquestration". Derrière les portes capitonnées du cabinet du magistrat, le suspect refuse de s’exprimer, invoquant le "droit au silence". Mais le juge a en main le procès-verbal dressé par les gendarmes de Mulhouse (Haut-Rhin), qui l’avaient placé en garde à vue la veille. Et cette déposition, bien que truffée d’incohérences, est accablante pour son auteur.

Entendu par les gendarmes comme plusieurs dizaines d’autres propriétaires de Mazda 323 blanche immatriculées en Moselle, Krauth admet d’abord, avec difficulté, avoir effectué de fraîche date quelques menues réparations à l’avant de son véhicule. Alors que les enquêteurs l’interrogent sur son emploi du temps, il reconnaît avoir changé les quatre pneumatiques dudit véhicule, dès le 23 juillet, au lendemain de la disparition de la jeune Bitchoise... Au bout de quelques heures d’interrogatoire, il finit par admettre être impliqué dans la mort de la jeune lycéenne.

15h30 : incarcération

"Nous sommes en présence d’une thèse, la sienne, que nous ne pouvons pour l’instant ni infirmer ni confirmer", a indiqué hier après-midi le procureur adjoint de Sarreguemines, à la faveur d’une conférence de presse organisée à l’escadron de gendarmerie mobile où, depuis dix jours, quarante officiers de police judiciaire mènent l’enquête. "Je n’exclus pas que cette version évolue dans les prochains jours...", ajoute Roger Marot, dissimulant mal sa perplexité. "J’ai mon sentiment mais je me garderais bien de le faire connaître en l’état", poursuit-il, sibyllin.

Ce dimanche 22 juillet, si l’on en croit sa version, Stéphane Krauth roule à vive allure sur cette petite route tortueuse de la zone d’activités de Bitche, qui ne débouche sur rien si ce n’est quelques maisons et l’entrée de "Bitche Camp". "Je roulais vite, 120 km/h environ, et j’avais fumé du cannabis", relate le jeune intérimaire, revenu ce jour-là à Bitche pour "ramener un copain". Un autre suspect, son passager avant, est alors toujours activement recherché...

"J’ai entendu un bruit dans le virage, puis j’ai vu un corps voler, comme si la tête avait heurté l’aile avant droit. Je suis descendu de mon véhicule, j’ai tout de suite compris que la jeune femme était morte", précise encore le gardé à vue. Krauth raconte avoir embarqué le corps de Karine dans sa Mazda 323, dans l’intention de la conduire à l’hôpital de Haguenau. Pris de panique, il se serait ravisé en cours de route, sortant le corps de la voiture pour le brûler.

17h52 : découverte du corps

Où Krauth s’est-il procuré l’essence avec laquelle il devait enflammer sa malheureuse victime ? Que pouvait-il bien faire sur cette route qui - il est peu probable qu’il l’ignorait - mène droit dans un cul-de-sac ? Pourquoi n’a-t-on pas retrouvé de sang sur la route ? Qu’en est-il des traces de gaz lacrymogène décelé sur la selle du vélo de la victime ? Pourquoi avoir pris la direction de Haguenau, et non celle de l’hôpital de Bitche qu’il connaissait pourtant fort bien ? Surtout, pourquoi avoir changé les pneus dès le lendemain des faits, sachant que des traces de gomme avaient été prélevées sur la chaussée ? Face à toutes ces questions, le procureur souhaite attendre la suite des investigations, et notamment les conclusions des légistes, pour se prononcer sur la validité de la thèse de l’accident.

Au même moment, Stéphane Krauth, mis en examen pour "enlèvement et séquestration suivis de mort", était écroué à la maison d’arrêt de Sarreguemines sur décision du juge des libertés et de la détention. S’il a dit vrai, les faits seront requalifiés en homicide involontaire et recel de cadavre. S’il a menti et que la thèse du meurtre prenait de la consistance, il serait poursuivi pour homicide volontaire, voire assassinat s’il apparaissait que le meurtre avait été prémédité.

21h : arrestation d’un complice

Au même moment encore, Me Bertrand Hoffmann, bâtonnier de Sarreguemines, annonçait qu’il venait de se constituer partie civile pour les parents et le frère de Karine. Au même moment toujours, soit deux heures après y avoir été incarcéré, Krauth était extrait de la maison d’arrêt de Sarreguemines pour un "transport de justice". Une heure plus tard, le corps était retrouvé sur ses indications.

21h enfin : l’arrestation "dans l’Est de la France" du complice de Krauth est confirmée. Il s’agirait de l’un de ses amis. Selon nos informations, celui-ci souffrirait de troubles psychologiques et serait placé sous tutelle. Sa confrontation avec Stéphane Krauth est attendue avec impatience.

 

Nicolas BASTUCK, Stéphane MAZZUCOTELLI
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