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"C’est un chagrin pour l’éternité"
mise en ligne le mardi 7 août 2001

La maman de Karine a courageusement pris la parole lors des obsèques de la jeune lycéenne, hier à Bitche. Ses mots, tendres pour sa fille mais également très forts pour dénoncer la violence et l’injustice, ont ému plus d’un millier de personnes dans la nef et sur le parvis de l’église Sainte-Catherine.


Les rideaux des commerces se sont baissés. Les portes des administrations se sont fermées. La circulation s’est arrêtée. Même le chantier du nouvel hôpital a été stoppé. Puis une légère bruine s’est mise à tomber dans les rues désertes. Hier, sur les coups de 14 h, la ville de Bitche s’est éteinte pour se plonger dans le recueillement. Vingt minutes avant le début des obsèques de Karine, l’enfant du pays tragiquement arrachée aux siens, l’église Sainte-Catherine était déjà comble. Une fois toutes les places assises occupées, la foule s’est installée dans les allées, à l’entrée et sur le parvis de l’édifice religieux.

Une foule à la fois sobre et digne comme allait être cette cérémonie émouvante célébrée par l’abbé Gérard Nirrengarten, aumônier du lycée Saint-Augustin où était scolarisée la jeune Karine. Il y a là énormément de jeunes. Ils ont tous connu l’adolescente, de près ou de loin. Les jeunes filles se soutiennent, les garçons affichent aussi leur peine.

Il y a aussi des proches, des professeurs, des commerçants. Pères et mères de famille ont tenu à être présents en nombre, dans la compassion, tout comme le sous-préfet de Sarreguemines, le maire de Bitche, le député, des gendarmes ou des militaires. Des paroissiens anonymes, touchés par le drame, sont venus prier dans l’assemblée. "Ici, chacun a sa place pour rendre hommage à Karine : croyants ou incroyants", a rappelé l’abbé.

"Karine est en votre coeur, bien vivante"

Dans son homélie, l’abbé Aloyse Schaff, directeur de Saint-Augustin, a célébré la vie : "Karine est ici présente, bien plus présente que ce cercueil". Puis s’adressant à Fabrice, le frère de la défunte, et à ses camarades, il a ajouté : "Karine est en votre coeur, bien vivante". Entre les chants et le son des orgues, quelques messages de sympathie, venus du Var, du Vaucluse, de Bordeaux, ont été lus. Puis, un groupe de jeunes a déposé dix-sept lys sur le cercueil recouvert d’un voile blanc symbolisant l’innocence. Dix-sept lys pour les 17 ans que Karine devait avoir aujourd’hui mardi.

Le "Notre Père" a ensuite résonné de mille voix dans la nef avant la bénédiction du corps par l’abbé Joseph Muller, vicaire général du diocèse de Metz. Il est un peu plus de 15 h et Edith Schaaff prend alors courageusement la parole pour s’adresser à sa fille. L’assistance, au comble de l’émotion, est le témoin d’un au revoir déchirant. "Ma fille, mon bébé, un beau jour d’été, tu nous as été enlevée et c’est un chagrin pour l’éternité". Dans les haut-parleurs, les phrases sont entrecoupées par le souffle court d’une maman au désespoir.

Dans la foule, des parents, des jeunes, pleurent silencieusement. Edith Schaaff poursuit par des mots de plus en plus forts pour dénoncer la violence et l’injustice : "Je me dois pour toi Karine de lutter contre ces drames (...). J’espère trouver la force de lutter pour qu’à d’autres cela n’arrive plus (...). De là-haut, tu nous verras. Dieu qui, ce dimanche morbide, n’a pu t’arracher aux griffes d’un monstre sans scrupule, te réserve une place de choix. Karine, ma fille, je t’aime, au revoir...".

"Karine, ma fille, je t’aime, au revoir..."

Dans un silence respectueux de sa douleur et de sa détresse, Edith Schaaff a regagné sa place auprès de son mari et de Fabrice. Le parrain et une amie de Karine ont également livré quelques mots témoignant de l’amour et de l’estime portés à l’adolescente. Après avoir été remerciées, les personnes présentes ont alors quitté l’église de Bitche, accompagnées dans leurs pas par une chanson de R. Kelly, choisie et aimée par Karine et son frère.

Sur le parvis, Fabrice a repris dans ses bras les lys posés sur le cercueil. Sa maman, soutenue par son époux Roger Schaaff, a enfin posé sa tête sur l’épaule de son fils en regardant s’éloigner le convoi mortuaire. Le corps de Karine a rejoint Strasbourg pour être incinéré.

Après l’office, la famille et les proches se sont retrouvés au restaurant de Roland Hoff qui avait activement participé aux recherches avec un groupe de jeunes du secteur. Ensemble, ils ont pu encore se soutenir en ce jour particulièrement douloureux.

 

Stéphane MAZZUCOTELLI
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