Logo Association

Krauth chez le juge : un caractère à cerner
mise en ligne le mardi 14 août 2001

Aujourd’hui, le juge d’instruction Vincent Raffray auditionnera une nouvelle fois Stéphane Krauth, mis en examen et écroué pour "enlèvement et séquestration suivis de mort" dans le cadre du décès de Karine à Bitche. Le jeune homme sera interrogé sur sa propre personnalité. Il s’agit pour les enquêteurs de mieux cerner qui est vraiment ce garçon présenté comme "solitaire, voire violent."


Troisième audition chez le juge d’instruction pour Stéphane Krauth ce mardi. Après les rebondissements de la semaine dernière, le seul mis en examen et écroué dans le cadre de la mort de Karine à Bitche doit répondre aux questions de la justice sur son curriculum vitae. La personnalité de Krauth reste en effet particulièrement floue aux yeux des enquêteurs. Ce jeune homme de 23 ans avait fait l’objet d’une unique procédure judiciaire pour dépôt d’ordures sauvages avant sa mise en examen pour "enlèvement et séquestration suivis de mort" dans le dossier Karine. Pourtant, le juge voudra sans doute éclaircir de nombreux points sur son parcours personnel chaotique.

Stéphane Krauth devra rappeler son adoption par la famille Krauth, à Bitche, alors qu’il avait seulement quatre ans. "J’ignore les conditions dans lesquelles j’ai été adopté. Par contre, je connais le nom de ma mère. Je ne l’ai vue que très rarement. Elle habiterait dans la Midi. J’ignore si j’ai des frères et soeurs et je ne connais rien de mon père" a déclaré Krauth lors de sa première audition. En fait, Krauth aurait même été abandonné deux fois avant d’être confié à une famille respectable de Bitche.

"Beaucoup d’agressivité"

Dans un contexte familial fracassé dès le départ, Stéphane Krauth va tout de même bénéficier d’une réelle affection de la part de ses parents adoptifs. "Ce jeune ne manquait de rien. A Bitche, ses parents adoptifs le considéraient comme leur propre fils", assurent des habitants du quartier du Schellenthal où le jeune homme a grandi. Mais Stéphane n’est pas tout à fait un garçon comme les autres. Dans le voisinage, on le dit "solitaire, voire sauvage. On le voyait promener son chien. Il ne disait pas bonjour. Il n’était guère communicatif."

Au niveau scolaire, Krauth n’est pas un élève modèle. "Dans les petites classes, il était calme, sans problème. Les choses se sont gâtées par la suite. Il est devenu un élève difficile, répondant à ses professeurs, manifestant beaucoup d’agressivité" explique l’abbé Schaff, directeur du lycée Saint-Augustin de Bitche. Pour cet homme de foi, "ce garçon souffrait au plus profond de lui-même. Il traînait de lourds antécédents familiaux."

Vivre sur les réserves

Après avoir échoué au bac, Krauth ne fait plus parler de lui à Bitche. En 1998, il part s’installer en Alsace, à Haguenau puis à Mulhouse où habitaient ses grands-parents aujourd’hui décédés. En février 2000, il rencontre Péroline qui deviendra la mère de sa petite fille âgée désormais de trois mois. Le couple s’installe dans un petit logement à Dornach, quartier de Mulhouse. Avec une simple formation de cariste, Krauth alterne les missions intérimaires. Dernièrement, sa situation financière s’est aggravée. "Actuellement, il n’y a aucun revenu à la maison à part les allocations pour la petite. Mon dernier contrat remonte à trois mois. Nous vivons sur les réserves et les aides des parents et beaux parents" avait indiqué Krauth aux gendarmes enquêteurs.

Depuis Mulhouse, Péroline et Krauth ont conservé certains contacts à Bitche. Le couple revient parfois en Moselle. Stéphane consomme de l’alcool et du cannabis. Il avoue en tout cas en avoir consommé ce sombre 22 juillet à Bitche.

"Il était trop violent"

Aujourd’hui, le juge d’instruction ne manquera sûrement pas de poser quelques questions sur les relations du couple Krauth. La dernière audition de son amie Péroline laissant planer une odeur de soufre, le suspect n°1 devra s’expliquer sur son comportement vis-à-vis d’elle. "Au début, on rigolait bien. On s’est vite installé ensemble. On a fait une erreur, on est allé trop vite" avait déclaré Péroline dans nos colonnes, juste avant de faire son accablant témoignage contre son compagnon à la gendarmerie de Bitche le 8 août. Le récit de cette jeune mère de 19 ans sur sa vie conjugale fait froid dans le dos : "Stéphane s’est mis à me battre. Pour des bêtises, tout et n’importe quoi." Péroline va plus loin et parle notamment de ses rapports les plus intimes : "Il me forçait, c’est clair. Moi, je n’avais plus envie, il était trop violent."

Péroline dit-elle l’entière vérité ? Que penser encore du témoignage de Sébastien, le copain de Bitche un moment évoqué comme complice par Krauth puis mis hors de cause ? Ce dernier aurait déclaré aux gendarmes une sordide version des faits qui ont conduit à la mort de Karine. "Il m’avait dit qu’il comptait agresser une fille, qu’il voulait la carotter et se la faire" a affirmé Sébastien aux enquêteurs.

Outre le juge, des experts psychiatres se penchent également sur le cas de Krauth. Son profil psychologique, pas encore complètement établi, laisse présager une part d’ombre à éclaircir. Sa carapace va-t-elle se fêler, aujourd’hui, dans le bureau du juge à Sarreguemines ?

 

Stéphane MAZZUCOTELLI
retour

 
Page d'AcceuilArchives de presseL'ActualitéChroniquesPoèmesNotre associationNous contacter