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"On ne vit plus on avance"
mise en ligne le vendredi 26 mai 2006

La maman de Karine, assassinée à Bitche en juillet 2001, a créé avec des proches une association de soutien, "Les Amis de Karine". Aujourd’hui, elle témoigne, récolte des informations de parents dont les enfants ont disparu. Son combat ? Lutter pour la prévention et la reconnaissance des victimes.


C’était en juillet 2001 à Bitche. Karine Schaaff disparaissait. Une association de soutien se monte pour entourer la famille, "Les Amis de Karine". Hier, elle a participé à la journée internationale des enfants disparus, à sa façon. Tous les jours de l’année, l’association soutient, reste à l’écoute des parents de victimes, sans nouvelle de leur enfant, ne sachant même pas s’il est vivant.

Quel est aujourd’hui le rôle de votre association, "Les Amis de Karine" ?

Edith Schaaff : "Initialement, cette structure a été créée pour m’entourer, moi et ma famille, lors de l’épreuve de l’enlèvement, et puis après... Je suis très reconnaissante à la quarantaine de membres du Pays de Bitche pour son dévouement, son écoute. Une présence indispensable dans une telle épreuve, car les associations d’aide aux victimes des tribunaux n’ont pas l’oeil de la famille, mais l’oeil de la Loi. Ils se veulent à l’écoute, mais oublient de donner des informations aux victimes, aux parents, sous prétexte que c’est mieux pour eux. Aujourd’hui, je suis en contact avec des familles dont un enfant a disparu. Chaque famille ressent la situation à sa manière : certains font face, d’autres s’écroulent. D’autres encore passeront d’un état d’agressivité à un état amorphe ou recherchent la solitude."

Comment vivre avec un enfant disparu ?

"On ne vit plus, on avance. Ce n’est pas une question de temps, comme peuvent le dire les médecins. Un enlèvement, un crime, on le vit tous les jours. Les 15 premiers jours, on garde espoir, mais c’est le doute perpétuel : est-elle en vie ? Est-elle souffrante ? Ça va faire cinq ans que Karine a disparu... On ne peut accepter la situation, on remet tout en question, les croyances... Quand ça arrive, les parents sont vidés, cassés. Tout tourne autour de l’enlèvement : pourquoi elle ? Je suis en contact avec la maman de Marion, dont elle n’a pas de nouvelles, ou encore les parents de Karine de Jussy."

De quelle façon participez-vous à cette journée internationale ?

"Je m’accroche à cette journée, car pour les parents, vivre un enlèvement est un enfer. Au départ, nous pensions procéder à un lancer de ballons, mais on a appris qu’une telle démarche avait été entreprise pour Jacques Lerouge, ancien criminel. Il a payé sa dette à la société ? Il a enlevé la vie de quelqu’un qui aurait peut-être fait de grandes choses. Nous avons donc décidé de présenter des témoignages lors de notre assemblée générale le 3 juin prochain. Mes objectifs aujourd’hui sont d’informer les enfants des dangers qui les guettent, notamment avec le petit guide de l’association La Mouette, et puis qu’on reconnaisse les victimes. Pourquoi ne pas permettre la mise en place de barrages en cas de disparition ? S’il s’avère que c’est une fugue, que les parents règlent la note... Responsabiliser, mais surtout donner toutes les chances. C’est dur de continuer en ayant toujours à l’esprit "Et si..."."

Propos recueilis par Aude FAYOLLE.

 


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