Logo Association

Sans titre...
mise en ligne le jeudi 16 février 2006


On l’avait vu débarquer à Bitche son bébé sur les bras, adolescente attardée, boulotte et un peu paumée ne sachant trop où trop aller, si ce n’est chez une vague copine. C’était en août 2001, après l’arrestation de Stéphane Krauth. Bavarde et immature, elle n’allait pas tarder à jouer avec les nerfs du juge d’instruction, chargeant un jour son ancien concubin, se ravisant à la confrontation suivante pour lui déclarer sa flamme. Zozotant et faisant tourner ses mèches folles devant les caméras de télévision, Péroline Garino était devenue, le temps d’un été, l’icône diabolique d’un fait divers macabre. Aux journalistes, dont elle possédait tous les numéros de portable, elle déclarait tout et son contraire, à telle enseigne que le magistrat instructeur avait fini par lui imposer un bâillon judiciaire lui interdisant "toute déclaration publique" sur le crime dont elle avait contribué à effacer les traces (lire par ailleurs). En liberté surveillée mais réduite au silence, Péroline s’était ensuite fondue dans le paysage dans l’attente de son procès, mettant ce répit à profit pour faire un second bébé avec un inconnu sorti de prison, qui ne reconnaîtra jamais l’enfant.

On l’avait revue trois ans plus tard sous les lambris de la cour d’assises de la Moselle, mâchouillant un chewing-gum dans une doudoune rose, accrochée à son avocate comme bernique à son rocher. À nouveau enceinte de plusieurs mois, Péroline Garino demeurait cette jeune femme "irréfléchie et peu responsable" que décrivaient les psychiatres. Condamnée à trois ans d’emprisonnement pour "destruction de preuves", elle avait quitté le palais de justice entre deux gendarmes pour prendre le chemin de la prison à laquelle elle avait, jusqu’ici, miraculeusement échappé. Depuis, Péroline a accouché d’un troisième bébé - les deux autres ont été placés par les services sociaux - qu’elle élève à la pouponnière de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. "C’est une autre femme, assure son avocate, Me Frédérique Loescher-Lorioz. L’administration pénitentiaire n’a qu’à se féliciter de sa conduite. Les assistantes sociales la décrivent comme une maman aimante". Incarcérée depuis seize mois, Péroline Garino est déjà théoriquement libérable. Son conseil n’attend d’ailleurs que l’issue du procès en appel - elle-même y ayant renoncé - de Stéphane Krauth pour former une demande de libération conditionnelle. "Ensuite, Péroline ira s’installer à l’autre bout de la France où elle souhaite refaire sa vie et, surtout, se faire oublier", indique son avocate.

Pull écru et silhouette affinée, les lèvres pincées et le débit torrentiel, comme pressée d’en finir au plus vite avec ce passé inavouable, Péroline Garino, âgée aujourd’hui de 23 ans, n’a pas eu, hier, un regard pour l’homme avec lequel elle entretenait cette "relation en miroir" décrite par les experts. Une union destructrice et ambiguë, marquée par "un vécu commun" (l’abandon par la mère dès le plus jeune âge) et "la capacité de chacun à manipuler l’autre".

 

Nicolas BASTUCK
retour

 
Page d'AcceuilArchives de presseL'ActualitéChroniquesPoèmesNotre associationNous contacter