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L’accusé maintient sa version
mise en ligne le vendredi 22 octobre 2004

Ambiance tendue, hier matin, à la reprise de l’audience consacrée à l’interrogatoire des accusés.


 
"Mlle Garino et M. Krauth, levez-vous, ordonne le président. Nous allons aborder les faits, cette audition sera enregistrée. De nombreuses déclarations ont émaillé l’instruction. Nous sommes à présent dans le procès, j’attends de vous un maximum de clarté et de précision".

Stéphane Krauth est le premier à être interrogé. Sa déposition ne varie pas. Après avoir passé la nuit à Bitche dans sa voiture, à fumer du shit et boire de la bière, il "émerge" le matin du dimanche 22 juillet 2001, "traîne" en ville avant d’aller "délirer" au volant de sa Mazda, sur la zone industrielle. Il roule vite, "entre 80 et 120 km/h", lorsqu’il aperçoit une "silhouette" dans un virage. Il est environ 15 h.

-  J’ai vu une tête heurter le capot puis un corps taper le pare-chocs. Voyant que la fille bougeait encore, je suis sorti de la voiture et je lui ai mis un coup de gaz lacrymogène au visage, évoque-t-il.

-  Pour quelle raison ?, lui demande le président Kunlin.

-  J’avais peur pour mon assurance, j’avais déjà 5% de malus.

Voyant sa victime saisie de "spasmes", Krauth se décide à la "charger" à l’avant du véhicule et reprend la route.

-  Vous avez entendu les experts, ils contredisent la thèse de l’accident, lui fait remarquer le président.

-  J’suis pas expert, je dis les faits et puis voilà !

Stéphane Krauth "fonce" en direction de Haguenau.

-  Karine gémissait et tremblait, ses yeux étaient révulsés, relate-t-il. Alors, j’ai décidé de la conduire à l’hôpital.

-  Pourquoi Haguenau ? C’est effectivement très logique de faire 40 km alors qu’il y a un hôpital à Bitche , intervient l’avocate générale.

-  J’y ai pas pensé sur le moment, j’étais comme dans un état second, se justifie Krauth.

-  Ensuite ?, demande le président.

-  Au bout de dix minutes, j’ai entendu un bruit sourd. Karine était pâle, ses lèvres étaient bleues. J’ai vu que son sac était coincé dans la portière alors j’ai essayé de lui retirer les lanières avant de les couper avec un cutter. J’ai pris son pouls et j’ai constaté qu’elle était morte.

-  Morte de quoi ? D’étranglement ?

-  C’est ce que j’ai pensé, je l’ai d’ailleurs dit au juge mais il m’a dit que c’était pas possible.

Krauth affirme avoir pris ensuite la direction de la forêt de Mouterhouse. "Je connaissais les lieux pour y être allé avec Péroline. J’ai commencé à traîner le corps sur le sol. Les chaussures se sont arrachées, puis le pantalon. J’étais vidé alors je l’ai laissée là et je me suis effondré.

-  Et le slip ?, interroge l’avocate générale.

-  J’pourrais pas vous dire, balbutie l’accusé.

-  Vous avez déclaré aux enquêteurs qu’il vous est apparu que vous aviez eu, à cet instant, "une relation sexuelle avec la morte", lit le président.

-  Krauth : J’étais entré dans une sorte de délire hallucinatoire. Au bout d’un certain temps, poursuit-il, j’ai relevé la tête, ramassé la montre de Karine, ses chaussures, et j’ai tout jeté dans la voiture. Le corps est resté sur place. J’ai fait marche arrière et j’ai appelé Péroline parce que j’avais besoin de parler à quelqu’un.

-  Péroline confirme : Il semblait très stressé.

-  J’étais à bout, relate l’accusé.

Sur le chemin du retour, Krauth s’arrête dans une station-service pour passer l’aspirateur dans la voiture.

-  Pourquoi cela ?, lui demande le président.

-  Pour enlever cette sensation de mort qui planait dans la voiture et qui vous imprègne totalement, répond l’accusé.

La déposition de Stéphane Krauth n’a pas varié, hier.

 


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